Ça me plait : Terminaison d’appel mobile, quand les intérêts de Free et des consommateurs convergent.
Très prochainement l’ARCEP devrait proposer un nouveau plan[1] de baisse du prix de la terminaison d’appel mobile (TAM)[2]. Comme nous l’avions écrit précédemment, pour que la baisse de la TAM impacte réellement le marché de la téléphonie fixe et plus généralement le marché des télécommunications, elle doit être de grande ampleur. Pour résumer elle doit tomber à un centime d’euro voir moins. A ce prix son niveau serait le même que celui de la terminaison d’appel pour la téléphonie fixe, ce qui autoriserait un traitement équivalent des appels «fixe-mobile » et « fixe-fixe ». La convergence commerciale qui s’opère aujourd’hui (que l’on appelle abusivement quadruple play) pourrait alors, enfin, se muer en convergence technique.
Vers une vraie convergence « fixe-mobile »
Nous pourrions alors voir apparaître des box « tout compris » (avec des appels illimités vers les fixes et les mobiles) et pourquoi pas un terminal intelligent (ce qui a déjà, en partie, était tenté avec Unik de Orange ou Twin de Neuf ) qui utiliserait le réseau fixe lorsque le consommateur est à son domicile (ou proche d’une box ou d’un hotspot de son opérateur) et le réseaux mobile, lorsque il ne peut faire autrement.
Cette convergence aurait donc pour effet de soulager une partie des réseaux mobiles. Bien sûr, le même procédé est applicable (et sûrement plus utile) pour la data (3G et 4G à venir), d’autant plus que certaines technologies sont déjà disponibles pour optimiser ces pratiques (les femtocells, par exemple).
Ce qui signifie que dans le futur le consommateur pourrait acheter un « accès » ou un « forfait communication » global et non pas un forfait pour tel ou tel type d’usages (téléphonie fixe, internet fixe, internet mobile, etc.).
Baisse de la TAM, une nécessité pour une saine concurrence
Au delà de ses effets qualitatifs sur le marché, une très forte baisse de la TAM aurait un effet immédiat sur la concurrence (voir notre billet sur le sujet ici). A court terme, le plus important serait, peut être, de permettre à l’opérateur Free d’optimiser son entrée sur le marché du mobile, voir d’améliorer ses chances de survie. Car, bien que Free soit un acteur très talentueux, on ne peut jurer de rien. Son aventure mobile pourrait tourner court. D’autant plus que ses concurrents, n’ont pas l’intention de lui faire de cadeaux.
Par quels mécanismes Free bénéficierait d’une baisse de la TAM?
Tout d’abord la TAM est une charge directe que Free devra supporter à double titre. D’une part, en la payant directement pour des appels passés depuis son réseau vers celui des concurrents, d’autre part, en la payant dans la prestation l’itinérance (prix de gros) qu’il va devoir négocier avec les autres acteurs du marché. En effet, dans un premier temps Free ne couvrira pas l’ensemble du territoire et devra utiliser le réseau de ces petits camarades de jeu. Dès lors, il est aisé de comprendre qu’une baisse de la TAM permettrait à Free de réaliser quelques économies.
Une baisse de la TAM, autoriserait également Free à basculer un maximum d’appels mobile sur le réseau fixe, i. e. à proposer une vraie offre convergente, ce qui allègerait, une fois de plus, sa facture d’itinérance.
Mais il ne faut pas se tromper, baisser la TAM ne serait pas faire un cadeau à Free. Non ce serait avant tout faire un cadeau au consommateur, car il bénéficierait d’une baisse des prix et d’offres innovantes (avec la convergence). Le fait que les intérêts de Free et des consommateurs convergent accélérerait simplement le processus. Free serait, dans ce contexte, une sorte de catalyseur.
Cet intérêt commun de l’opérateur Free et des consommateurs est une illustration de ce que peut être une concurrence au service du consommateur 🙂
[1] http://www.arcep.fr/uploads/tx_gspublication/consult-ta-mobile-suite.pdf
[2] La terminaison d’appel est un droit de passage payé par l’opérateur de l’appelant à l’opérateur de l’appelé. Concrètement ce dernier facture au premier le fait de transmettre l’appel à son client.