Ça me gratte : l’industrie du disque, les dames pipi du business de la culture
Hier l’émission « le téléphone sonne » sur France inter était consacrée au rapport Zelnik. Les invités : Patrick Zelnik, himself, David El Sayegh du Snep, Vincent Frèrebeau du label Tôt ou tard et seul contre tous Alain Bazot de l’UFC Que Choisir.
Je dois l’avouer j’ai eu les nerfs en pelote durant toute l’émission. Le discours de l’industrie du disque était comme à son habitude rempli de contre-vérités et teinté d’une incroyable bêtise.
En réponse à Alain Bazot qui fustigeait la qualité de l’offre, notamment en soulignant qu’il y a toujours un problème d’accès aux catalogues pour les détaillants et que les forfaits musicaux sont toujours accompagnés de DRM (Microsoft), l’industrie du disque s’est crispée et a entonné son refrain habituel :
L’offre est de qualité, plusieurs millions de morceaux ont été numérisés (je crois qu’ils annoncent 8 millions de morceaux) et les DRM n’existent plus.
Bien entendu, ces messieurs ont répondu à coté, d’une part, et c’est là le sens des mots de A. Bazot, aucune des plateformes qui proposent des offres forfaitaires (illimitées) ne bénéficient de tous les catalogues, donc on ne peut se contenter d’un seul abonnement, d’autre part, toutes les offres « au forfait » (illimitées) comprennent toujours des DRM (emusic, Orange, etc…) je vous invite à vérifier. Pourtant, ces dernières sont les plus adaptées aux usages actuels.
Déclaration lapidaire de David El Sayeg, le marché de la musique numérisée est de qualité son seul problème c’est la concurrence déloyale du piratage. Bravo l’autocritique.
Cependant, ce n’était pas là le pire. Non, le sommet wagnérien de l’intoxication et de la mauvaise fois fut atteint lors des échanges relatifs à la fameuse taxe Google. Cette partie de l’émission a débuté avec l’intervention (enregistrée) de Olivier Esper qui a fait remarquer que Google contribue déjà au financement de la culture via les accords que le groupe a avec les ayants droit.
Réponse d’un monsieur du disque, les artistes seront heureux de savoir que le moteur de recherche Google leur rapporte de l’argent (sous entendu, il ne leur rapporte rien). Une fois de plus cette réponse est une honteuse manipulation. Bien évidement, le représentant de Google ne faisait nullement référence au moteur de recherche mais à la filiale You tube qui, parce qu’effectivement elle héberge des œuvres protégées par le droit d’auteur, verse des revenus aux ayants droit.
Quant à l’activité « moteur de recherche », heureusement qu’elle ne dégage aucun revenu pour les ayants droit. En effet, depuis quand un moteur de recherche, celui de Google ou un autre, utilise des contenus ? Un moteur de recherche n’est qu’un annuaire instantané des sites et pages existants sur la toile.
Lorsque vous tapez Radiohead sur Google vous ne voyez pas se lancer une musique ou un clip dans la même page! Non, la réponse à votre requête est une somme de liens qui dirige l’internaute vers les différents sites du groupe (site officiel, sites de fans, pages myspace ou facebook, etc…) et vers les sites qui commercialisent leurs œuvres.
On peut même dire, que dans le monde de l’internet, heureusement que les sites commercialisant leurs oeuvres sont référencés, sinon de quelle manière les consommateurs viendraient à eux ! Pour exister sur le Web vous devez être référencé. Si Google supprime tous ces sites de ses résultats qui seraient les grands perdants ? D’ailleurs, je suis sûr que la Fnac, Amazon et autres Virgin s’y opposeraient
Par ailleurs, si les ayants droit sont rémunérés parce que leurs contenus sont référencés pourquoi les autres n’y auraient pas droit ? En effet, presque tout ce qui est sur la toile est référencé ! Google doit faire un chèque à Renault ? Siemens ? Nestlé, Lotus ? Puis-je réclamer ma part pour les contenus que j’ai créé et qui sont référencés ?
On le voit bien cela touche à l’absurde ! Mais pourquoi se gêner, puisque cet argumentaire passe comme une lettre à la poste….
Une fois de plus on l’aura compris l’industrie du disque n’a rien à se reprocher tout est de la faute des autres. Et puis à quoi bon se remettre en question, investir, innover, prendre des risques puisqu’ils pensent pouvoir bénéficier, sans trop de mal, du succès des autres. (Google mais aussi les fournisseurs d’accès à Internet!)