Ça me gratte : Le sondage sur l’efficacité de la loi Hadopi ne signifie rien !
Un sondage réalisé par BVA pour Avanquest Software prouverait que la loi Hadopi serait un minimum efficace car elle influerait sur le comportement des internautes.
En réalité ce sondage ne signifie pas grand-chose, voire rien du tout. Tout d’abord, statistiquement, 53% des 17% déclarant se livrer au téléchargement dit « illégal » disent avoir changé leur comportement (et pas forcement arrêté de télécharger) avec Hadopi. Sur un échantillon de …… 1003 personnes! On a vu des sondages bien plus représentatifs. Avec des résultats aussi discutables beaucoup se seraient abstenus de communiquer. On voit bien qu’il faut sauver le soldat Hadopi.
Ensuite, il ne faut pas se tromper, les résultats attendus de l’activité de la Hadopi ne sont pas la baisse du téléchargement dit « illégal » en soit, qui je le rappelle est impossible à évaluer tant les chiffres fournis sont bidons (ils sont fournis pas les différents lobbys, sans aucune explication sur la méthodologie, les sources, etc.). Non, le seul et unique résultat qui validerait l’utilité et l’efficacité de la loi Hadopi serait une croissance significative de la vente de CD musicaux, de DVD de films (oui cette industrie en est encore là!) ou de fichiers numériques. Lors des discussions relatives au vote de la loi Hadopi Pascal Nègre disait en attendre une stabilisation de la vente de CD et le doublement du numérique[1]. Rien de moins ? Ça risque d’être difficile!
La difficulté tient, en partie, au fait que l’industrie de la culture se porte bien[2]. Le spectacle vivant et le cinéma ne se sont jamais aussi bien portés et les ménages français n’ont jamais autant dépensé dans la culture. De leur coté, les sociétés de gestion collective ne font face à aucune érosion de leurs revenus, bien au contraire. Certaines, comme la SACD, connaissent même une forte croissance de leurs perceptions.
Alors, à moins de mettre le paquet sur l’offre « légale » (une baisse des prix, des offres exhaustives en terme de catalogues, des forfaits de téléchargement sans DRM et abordables), ça semble difficile. Et encore, il ne faut pas négliger que le budget des ménages n’est pas extensible à l’infini. Une hausse importante de la vente de supports physiques ou numériques pourrait, par conséquent, se traduire par une baisse des dépenses ailleurs. Par exemple, dans le spectacle vivant qui est, justement, bien plus rémunérateur pour les artistes….
Tout cela montre bien que les choses ne sont pas « simple comme Hadopi ». De plus, on a tort de se concentrer sur le téléchargement, ce n’est pas le plus important. Le plus important c’est les revenus créés par les œuvres, or, de ce point de vu rien n’a changé. Simplement, la création de valeursse fait moins sur l’activité de « mise en boite » et plus sur le live et l’expérience (cinéma). Cette mutation n’arrange pas certains acteurs comme les maisons de disques qui veulent garder le contrôle du marché. Or, malheureusement, ces dernières sont en mesure d’imposer des solutions aussi idiotes que stériles que la loi Hadopi.
[1] Voir : http://www.01net.com/editorial/505922/pascal-negre-hadopi-fera-decoller-le-telechargement-legal/
[2] Voir : http://www.pcinpact.com/actu/news/50659-musique-cinema-crise-ufc-que-choisir.htm