Ça me gratte : le roi et le blé
C’est l’histoire d’un bon roi qui a horreur d’augmenter les impôts des braves gens. Un gentil roi, par conséquent. Mais voilà, à peine installé sur son trône, madame crise s’invita à sa table.
C’est toujours embêtant les invités surprises, ils ne mesurent pas le prix d’un couvert supplémentaire. Et cette invitée est vorace.
La Cour du bon roi fut affectée par cette intruse qui aurait pu contraindre cette tablée à la sobriété et à l’économie. Heureusement, le bon roi sait recevoir et n’en déplaise à cette indélicate convive, chacun à sa petite douceur. Quitte parfois, il faut l’avouer, à trop en faire. Et ce n’est pas le vendeur de galettes qui s’en plaindra.
Le roi à bon cœur et tout le monde est rassasié.
Malheureusement, ce qui devait arriver arriva la générosité de notre bon roi épuisa les greniers du royaume.
Mais, notre bon roi est également un esprit fulgurant et à chaque problème une solution. S’il n’y a plus de blé au grenier voyons ce qu’il y a dans celui des autres. Mais attention pas dans celui des braves gens qui se lèvent tôt, il l’a promis, il ne les ponctionnerait plus.
Non, il a une idée de génie : les plus grandes réserves de blé sont chez les semenciers, prenons-en un peu. Personne ne contestera cette décision, les semenciers sont durs en affaires et leurs revenus en conséquence.
Les ministres du bon roi exécutèrent sa demande et vinrent régulièrement puiser dans les réserves des semenciers. Grisé par cette opportune fortune notre bon roi en oublie d‘agir avec mesure. Le blé est consommé plus vite qu’il n’est ponctionné.
Les semenciers voyant les réserves et les opportunités de profit s’évaporer décidèrent de réagir. Car, et c’est là une grande leçon, personne n’aime perdre de l’argent.
Ne pouvant se soustraire au royal prélèvement, ils décidèrent de s’en prendre au pouvoir d’achat des braves gens en augmentant le prix des semences.
Mais tout le monde ne peut corriger les actes d’un roi maladroit, et les braves gens qui ne payaient pas plus d’impôts qu’avant, avait malgré tout, in fine, moins de blé au grenier.
La morale de l’histoire, peu importe ou on prend le blé c’est toujours le même grenier qui est vidé !